Je lis l'amendement i fé sobatkoz bann députés èk sénateurs dann ron Parlement :
"Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France."
Mon bous i ri tousèl. Le créole, mon Kréol (je lis avec les cannettes synecdochiques de mon nombrîle) enfin reconnu ! Je fais la boue avant la pluie ? C'est vrai, il faut attendre encore un peu. Mais, je le sens bien, le train lé bon, le train des sénateurs naturellement. Ils entendront d'une oreille bienveillante, mwin lé sir, la proposition consensuelle des députés de déplacer l'amendement de l'article 1 à l'article 75.
Akoz cet amendement i sré in bon zafèr ? L'article 2 qui dit que "Le français est la langue de la République." ne serait plus un obstacle à la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. Chacun sait qu'elle vise à améliorer l'utilisation des langues régionales dans des domaines comme la justice et l'enseignement. Parlfèt, l'adoption de cet amendement permettrait, comme l'avait promis le candidat Sarkozy, de "sécuriser une fois pour toutes la situation des langues régionales en France". Sécuriser, c'est-à-dire munir d'un dispositif de protection. Les langues régionales seraient donc en danger de mort ?
Alors un autre kozman s'échote, qui vyin tir grin bibas dann mon zorèy : "Chacun de nous est intéressé à maintenir intact ce beau patrimoine de la langue ; chacun doit y travailler pour sa part".
Cette phrase du linguiste Vendryes, en clôture d'un article intitulé "La mort de la langue", pointe l'urgence d'une mobilisation générale pour le maintien de l'identité de la langue française, oubliant ce constat de Dante: "une langue ne peut en aucune façon demeurer". Ce qui caractérise la langue fondamentalement c'est sa capacité à se transformer. Donk, il faut éviter de se laisser prendre dans le tramay fictionnel du pathos de la vie et de la mort des langues. Et garder à l'esprit qu'est vouée à l'échec toute tentative visant à maintenir et conserver l'identité d'une langue, nationale ou régionale. Même le marbre constitutionnel est impuissant à venger avec le flux héraclitéen des langues. Incidente : Ecrire c'est s'abandonner au cours fuyant des langues. S'abandonner jusqu'à un certain point, que j'appelle mélangue. Fin de l'incidente. Ainsi Dante, remarquant la variebilitas de la langue, rend inutile toute politique linguistique, fût-elle légitimée par le Grand Autre Constitutionnel.
Parlfèt, le surgissement des langues régionales dann ron la politique est un symptôme de la dépolitisation du politique et s'inscrit dans l'ordre de la police (Rancière), c'est-à-dire un ordre social où chaque groupe particulier, avec son identité propre (fournie par la langue ou d'autres marqueurs) est à la place qui est la sienne. Il s'agit, pour le Pouvoir, de répondre à toutes les revendications particulières (ici linguistiques) pour éviter qu'elles ne se mettent à fonctionner comme la condensation métaphorique de l'opposition à Eux (ceux qui sont au pouvoir), à l'instar du tiers-état qui se proclama, contre l'aristocratie et le clergé, identiques à la Nation en tant que telle.
Ainsi, l'inscription des langues régionales dans la Constitution participe d'une stratégie de culturalisation du politique (sa reformulation en termes culturels), dont le but est d'empêcher la survenue de l'acte politique à proprement parler.
Et là je commence de rire jaune.
Jean-Louis Robert © Maloya.org - Juillet 2008
dimanche 17 août 2008
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